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VOYAGE

Navigation n’étoit jamais plus incommo de ny plus dangereuse, les Voyages des Indes ne seroient que de longues & d’agreables promenades.

Veuë de l’Isle de la Palme.

Nous découvrîmes le treiziéme l’Iſle de la Palme, & nous en paſſâmes à quatre ou cinq lieues, ſelon l’eſtime de nos Pilotes, nous nous reſſouvinmes de l’heureux ſort du Pere Ignace Azébedo, & de ſes trente-neuf Compagnons Jéſuites, qui étant partis tous enſemble pour aller annoncer la Foy au Bréſil, eurent le bon-heur de mourir tous à la veuë de cette Iſle, qui fut pour eux à la lettre une Iſle fortunée, puis qu’ils y trouvèrent la palme du Martyre qu’ils alloient chercher dans le nouveau Monde. Ils furent tous mis à mort en haine de la Foy, par des Corſaires Calviniſtes, qui s’étant rendus maîtres du Vaiſſeau où ils étoient, nommé le ſaint Jacques, les firent tous perir, ou par l’eau, ou par le fer, pour empêcher, diſoient-ils, ces Papiſtes ennemis déclarez de leur réforme, d’aller infecter les Barbares de leur pernicieuſe Doctrine. Il n’y en eût pas un de nous qui ne regardât avec envie le ſort heureux de ces généreux défenſeurs de la Foy Catholique, & qui n’eût été ravi de finir ſa course pour une cauſe auſſi ſainte.

Mais