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DE SIAM. Livre I.

l’étude avec autant d’application & d’assiduité, que si nous eussions été dans nos Colléges. Voila nos exercices ordinaires durant toute la Campagne.

Le Dimanche onzième nous passâmes à la veuë de Madère, où nous remarquâmes distinctement beaucoup de neiges sur la Montagne la plus proche. L’aprés-dîné trois petits Bâtimens Anglois venant en Europe nous passèrent sous le vent ; on crut qu’ils venoient des Canaries, par ce qu’ils n’avoient pas encore embarqué leurs Chaloupes. C’est à peu prés en ces parages que nous trouvâmes les vents alisez si souhaittez des Matelots, & si agréables à tout le monde, ces vents soufflans toûjours du même côté entre le Nord & l’Est. Il ne faut pas beaucoup travailler à la manœuvre ; d’ailleurs comme ils sont tempérez, ils modèrent les chaleurs de la Zone, qui sans cela seroient insupportables. On les trouve ordinairement aux environs de la hauteur de Madère. Alors la Mer devenant belle & le vent stable & réglé, on porte beaucoup de Voiles, & l’on fait ordinairement 40. à 50. lieuës d’un midy à l’autre, sans qu’on sente presque le mouvement du Vaisseau ny l’agitation de la Mer ; de sorte que si la

Veuë de l’Isle de Madère.

Parage si gnifie en terme de Marine l’endroit où l’on se trouve sur Mer.