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DE SIAM. Livre VI.

vertu toute divine, & que ſi une perſonne en avoit l’intelligence & ſçavoit en employer les paroles, elle pourroit opérer de grandes merveilles. C’eſt pour cela qu’entre les trois moyens de faire des miracles ; le Premier eſt de ſçavoir bien ſe ſervir de la parole de Dieu ; le ſecond eſt d’étre inſtruit de la doctrine des Anachorètes ; le troiſiéme enfin eſt le ſecours des Démons. Ils condamnent néanmoins cette derniere maniere, mais ils approuvent extrémement les deux premieres, ſe vantant d’être les ſeuls, à qui ces admirables ſecrets ſoient connus.

Faux miracles dont les Siamois autoriſent leur Réligion.

Pour prouver leur Religion ils content pluſieurs fables, qui paſſent chez eux pour autant de miracles avérez : en voicy quelques-uns des principaux.

1. Dans le Royaume de Pégu, où ſont gardées les Reliques de Sommonokhodom, ſes os partie changez en divers métaux, partie dans leur état naturel, répandent un éclat extraordinaire.

2. Dans le même Royaume il y a une petite Iſle au milieu d’un fleuve, dans laquelle ſe voit un Temple de leur Dieu. Cette petite Iſle, quelque hautes que ſoient les eaux, lors même que les lieux les plus élevez ſont inondez, demeure toûjours à ſec. Ils ajoûtent,

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