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VOYAGE

étoit juſte qu’il en fut puny. Auſſi les Ecritures des Siamois font-elles mention de ſon supplice, & Sommonokbodom même y rapporte, qu’étant devenu Dieu, il vit ce frere impie dans le plus profond des Enfers. Je l’y reconnus, dit-il, accablé de maux & gémiſſant ſous le poids de ſa miſere. Il étoit dans la huitième demeure, c’eſt-à-dire, dans le lieu où les plus grands criminels ſont tourmentez, & là il expioit par un horrible ſupplice, tous les péchez qu’il avoit commis, & ſur tout les injures qu’il m’avoit faites. Enſuite expliquant la peine qu’on faiſoit ſouffrir à Thévathat, il dit qu’il étoit attaché à une Croix avec de gros cloux, qui luy perçant les pieds & les mains, luy cauſoient d’extrêmes douleurs, qu’il avoit en tête une Couronne d’Epines, que ſon Corps étoit tout couvert de playes, & que pour comble de miſère le feu infernal le brûloit ſans le conſumer. Un ſpectacle ſi pitoyable le toucha de compaſſion, il oublia toutes les injures, qu’il avoit reçûës de ſon frere, & il ne pût le voir en cet état ſans prendre la reſolution de le ſecourir. Il luy propoſa donc ces trois mots à adorer Pputhang, Thamang, Sangkhang. Mots ſacrez & myſtérieux pour leſquels les Siamois ont une vénération profonde & dont le premier ſignifie Dieu, le