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DE SIAM. Livre VI.

à luy faire la guerre. Quoy qu’il fut ſeul, cette multitude d’ennemis ne l’étonna point, il reſiſta ſans s’ébranler à tous leurs efforts : & par la vertu de ſes bonnes œuvres qui le défendoient, les traits qu’on lançoit contre luy ſe changerent en autant de fleurs, qui bien loin de luy nuire, ne ſervirent qu’à l’honorer. Il avoue cependant que dans le plus fort du combat, lorſqu’il étoit le plus en danger, ce fut inutilement qu’il eût recours aux bonnes œuvres qu’il avoit pratiquées en gardant les neuf prémiers commandemens de la Loy, qu’il connut n’être pas ſuffiſans pour le défendre dans cette preſſante néceſſité.

Sommonokhodom ſecouru par l’Ange Gardienne de la terre, triomphe de ſes ennemis.

Mais s’étant armé du dixiéme précepte, qu’il avoit inviolablement obſervé, & qui ordonne d’exercer la charité à l’égard des hommes & des animaux, il triompha ſans peine de ſes ennemis : & voicy comment il remporta la victoire. L’Ange Gardienne de la Terre, (car nous avons déja diſtingué deux ſexes parmy les Anges) s’étant renduë auprés de luy, l’adora d’abord, puis ſe tournant vers Thevatat & ses adhérans, elle leur ſignifia que Sommonokhodom étoit véritablement devenu Dieu. Elle leur dit qu’elle avoit été témoin de ſes bonnes œuvres, & pour les en convaincre elle leur montra ſa propre chevelure, encore