Alors la terre, couverte de cendre & de pouſſiere ſera purifiée par le souffle d’un vent impétueux, qui enlèvera ces reſtes de l’embraſement du monde : aprés quoy elle exhalera une odeur ſi douce qu’elle attirera du Ciel une Ange femelle qui mangera de cette terre purifiée. Ce plaiſir luy coûtera cher, car pour l’expier elle ſera obligée de demeurer icy bas ſans pouvoir jamais remonter au Ciel. Cette intelligence concevra du morceau qu’elle aura mangé douze fils & douze filles, qui repeupleront le monde. Les hommes qui en naîtront ſeront ignorans, groſſiers, ne ſe connoîtront pas d’abord eux-mêmes, & aprés s’être connus, ils ignoreront encore la Loy, & ils n’en auront la connoiſſance qu’aprés un long eſpace de tems, qu’ils appellent Cap. Pour faire entendre la durée de ce tems, ils ſupposent un puits profond & quarré, dont chaque côté a vingt braſſes. Si tous les ans on jette dans ce puits un grain de ſenevé, le tems qu’il faudra, pour le remplir, eſt ce qui s’appelle Cap.
Cet eſpace de tems étant écoulé, il renaîtra un Dieu, qui diſſipera les ténébres de l’ignorance où ils étoient, en leur enſeignant la véritable Religion, en leur faiſant connoître les vertus qu’il faut pratiquer & les
