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DE SIAM. Livre VI.

ſur de grands rochers eſcarpez. Voicy comme on s’en ſert. On prend une poule. (celles qui ont la chair & les os noirs ſont les meilleures.) On la vuide bien, & prenant en ſuitte les nids d’oysſaux qu’on a laiſſé amolir dans de l’eau, on les déchire par petits filets, & les ayant mêlez dans du Ginſeng coupé par morceaux, on met le tout dans le corps de la poule qu’on fait boüillir dans un pot bien fermé, juſqu’à ce qu’elle ſoit cuite. On laiſſe ce pot ſur la braize toute la nuit, & le matin on mange la poule, les nids d’oyſeaux & le Ginſeng ſans autre aſſaiſonnement. Aprés avoir pris ce remede on ſuë quelquefois, & ſi on peut on s’endort là-deſſus.

Différentes coûtumes des Siamois.

La nobleſſe parmy les Siamois n’eſt point héréditaire. Les Charges, dont le Prince diſpoſe, ſont les nobles, & la diſtinction qui ſe trouve parmy ces peuples. Quoyque leur Religion leur permette la polygamie, on en voit peu, qui ayent plus d’une ou de deux femmes. A l’égard des Dames, ils ne croyent pas qu’on puiſſe leur témoigner plus de reſpect qu’en leur tournant le dos quand elles paſſent, pour ne point jetter la vûë ſur elles.

La multitude & la magnificence des Pagodes, les largeſſes qu’ils font aux Tala-

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