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VOYAGE

que les Mandarins les plus qualifiez recherchoient avec empreſſement l’honneur d’y venir en qualité d’Ambaſſadeur du Roy leur Maître, ou à la ſuite de ceux qu’il envoyoit. A parler en général il y a une grande union dans les familles, & c’eſt par un principe de tendreſſe pour leurs parens, qu’ils nous accuſent un peu de dureté, parce que nous quittons les nôtres pour aller vivre bien loin d’eux dans des terres éloignées, nous diſant qu’ils pourroient avoir beſoin de nous. La juſtice ne regne pas moins entre eux que l’amitié & la paix. Quand quelque Vaiſſeau fait naufrage ſur leurs côtes, il y a une loy qui les oblige de rapporter à la Ville Capitale tout ce qu’on peut ramaſſer du débris, pour être enſuite remis entre les mains de ceux à qui ces effets appartiennent, ce qui s’obſerve auſſi à l’égard des Etrangers.

La perſuaſion où ils ſont qu’il eſt meſſéant à un homme d’avoir les dents blanches comme les bêtes, leur fait prendre un grand ſoin de les noircir. Ils se ſervent pour cela d’un vernis fait exprès qu’ils renouvellent de tems en tems quand il commence à se paſſer. Pour donner le tems à la couleur de s’attacher ils ne mangent point pendant quelques jours, & ils se paſſent même de

Bétel