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DE SIAM. Livre V.

s’embarquer avec nous ; mais la ſaiſon déja avancée ne nous permit pas de les attendre, & on mit à la voile.

Départ de la Barre de Siam.

Ainſi nous partîmes de la Barre de Siam le vingt-deuxième Décembre avec un bon vent. Le Seigneur Conſtance nous avoit envoyé toutes ſortes de rafraîchiſſemens & en ſi grande abondance, qu’on fut obligé de le prier qu’il n’en envoyât plus, & d’en laiſſer même une partie. Nous nous rendîmes à Bantam le dixiéme de Janvier aprés avoir échoué au détroit de Banca par la faute du Pilote Hollandois, que nous avions pris à Baravie. On ne ſçait pas bien par quel caprice il s’avisa de faire jetter l’ancre, ce qui nous mit en danger de périr ; car ſi le fonds eut été moins vazeux qu’il l’étoit, l’ancre qu’on avoit jetté eut fait crever le Vaiſſeau qui avoit couru deſſus. On eut un peu de peine à le retirer de-là. Un Navire Hollandois qui venoit aprés nous, n’eût garde de nous ſuivre, auſſi n’échoüa-t’il pas comme nous.

On ne fut pas plûtôt moüillé devant Bantam, que M. l’Ambaſſadeur envoya M. de Cibois Lieutenant du Vaiſſeau faire compliment au Gouverneur, ne doutant pas qu’il ne fit les choſes de meilleure grace qu’il n’avoit fait la premiere fois, & d’autant plus qu’il n’ignoroit pas les honneſtetez que