Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
350
VOYAGE

l’Oyſeau pour prendre congé ; ils ſe donnerent l’un à l’autre mille témoignages d’amitié, & ſe ſéparèrent avec douleur. Nos trois Peres, qui étoient venus juſques-là, s’en retournerent avec le Seigneur Conſtance & Monſieur l’Evêque de Metellopolis, me laiſſant dans un ſensible regret, que je tâchois de modérer par l’eſpérance de les revoir dans quelques années. Quand tout le monde fut deſcendu dans la Chaloupe, le Seigneur Conſtance m’appella pour me faire preſent d’un Chapelet, fait du bois précieux de Calamba, dont la Croix & les gros grains étoient de Tambag. Aprés cela la Chaloupe mit au large, & on la ſalua de treize coups de canons pour le dernier adieu.

On étoit preſt à faire voile, & on n’attendoit plus que Monſieur le Vachet & le Secrétaire de Monſieur l’Ambaſſadeur ; ils étoient deſcendus avec tout le monde à l’embouchûre de la riviére ; mais on ne ſçavoit ce qu’ils étoient devenus depuis trois jours. Cela recula nôtre voyage, & on alloit lever l’ancre lors qu’on les vit venir avec deux ou trois Mandarins de la ſuite des Ambaſſadeurs de Siam. Les courans avoient emporté la Galère qui les portoit, avec tant de violence, qu’ils n’avoient pû y reſiſter, & nous rejoindre plûtôt ; pluſieurs autres devoient