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DE SIAM. Livre V.

ſon nous apporta sur un grand baſſin d’argent ſix Soutanes & autant de Manteaux de Satin à fleurs, dont le Roy nous fit préſent d’une maniere fort obligeante. Il voulut ſpéculer avec une Lunette de douze pieds, dont le Pere de Fontenay ſe ſervoit, & nous la luy portâmes ſur le champ. Il nous permit de nous lever & d’être debout en ſa présence, & il voulut bien regarder aprés nous dans la Lunette ; car il falloit que nous la remiſſions à ſon point pour la luy préſenter. Ceux qui ſçavent avec quel reſpect les Rois de Siam veulent qu’on ſoit devant eux, nous ont parlé de cette faveur comme d’une choſe tres-ſinguliére.

Sa Majeſté voulut ensuite ſçavoir lequel des Peres retourneroit en France, & ayant ſceu que c’étoit moy, il me dit fort obligeament, que comme il envoyoit des Ambaſſadeurs en France fort peu inſtruits des manieres de l’Europe, il comptoit fort sur les bons conſeils que je leur donnerois, & ſur tous les bons offices que je leur rendrois par le moyen de nos amis ; qu’il leur avoit ordonné de demander au Roy de France douze Mathématiciens de nôtre Compagnie, & de s’addreſſer pour cela au Pere de la Chaize, afin qu’il appuyât leur demande ; enfin qu’il ne doutoit pas que

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