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DE SIAM. Livre V.

ſont d’une groſſeur énorme, qu’on avoit négligé d’y placer des feux, des gardes & de l’artillerie : mais il y en eut dix ou douze qui pour s’échapper ſe ſervirent, d’un expédient qui ſurprit. S’attachant avec leurs trompes à un des arbres, qui étoient ſur la pente de cette montagne fort roide, ils ſe guinderent au pied du tronc ſuivant, & ils grimpèrent de la même maniere, d’arbre en arbre avec des efforts incroyables juſqu’au ſommet de la montagne, d’où ils ſe ſauverent dans les bois. Ce qui étoit arrivé dans cette chaſſe, fut cauſe qu’on ne négligea rien dans celle cy, afin qu’il ne s’en ſauvât plus.

Le Roy de Siam demande M. le Chevalier de Fourbin à M. l’Ambaſſadeur.

Le Roy trouva au retour de la chaſſe les François rangez en haye sur une ligne à l’entrée de la Foreſt, & montez sur des Eléphans. Il les regarda fort, & prit plaiſir à voir des gens de ſi bon air. Il venoit de donner audiance à Monſieur l’Ambaſſadeur, & elle avoit été aſſez longue. Sur la fin, le Roy avoit fait appeller le Chevalier de Fourbin. Tout le monde connoît la qualité & le mérite de cet Officier. Il ſert depuis long-temps, & il s’est diſtingué en pluſieurs occaſions. Monſieur Conſtance avoit prié M. l’Ambaſſadeur de le laiſſer à Siam auprés du Roy ſon Maître. Sa Majeſté voulut bien le demander à M. l’Ambassadeur, & elle luy fit pre-

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