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DE SIAM. Livre V.

vir de ſes mains, de ſes yeux & de ſes pieds pour commettre le mal que pour faire le bien. ſi ſa prudence éclairée de la ſageſſe de Dieu ne le dirigeoit à chercher les voyes de la véritable grandeur, qui ne ſe rencontre que dans la Religion Chrêtienne, où l’homme trouve les moyens de ſervir Dieu comme il plaît à ſa divine volonté. Mais tous les hommes ne ſuivent pas des lumieres ſi ſaintes & ſi raiſonnables. Il en eſt de même que des Officiers de vôtre Majeſté, qui ne ſont pas tous également attachez à ſes intérêts, comme elle ne le ſçait que trop, quoy qu’ils ſe diſent tous ſes ſjets, & qu’ils ſe faſſent honneur d’être à ſon ſervice. Ainſi tous les hommes ſervent Dieu à la vérité ; mais d’une maniere bien différente. Les uns comme les bêtes vivent en ſuivant leurs paſſions & leurs déréglemens, demeurant dans la Religion où ils ſont ſans l’examiner. Mais les autres ſe voyant ſi diſtinguez des bêtes s’élevent au deſſus de leurs ſens, & cherchent par le moyen de leur raiſon, que Dieu ne manque pas d’éclairer, ils cherchent, dis-je, à reconnoître leur Créateur & le véritable culte qu’il veut qu’on luy rende, ſans autre intereſt que celuy de luy plaire & de luy obéir, & c’eſt à cette recherche ſincére de la vérité que Dieu a at-

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