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DE SIAM. Livre V.

bien que moy dans toutes les occaſions la parfaite reconnoiſſance & la haute eſtime qu’ils doivent avoir pour la perſonne Royale de ſa Majeſté très Chrétienne, & pour tous ſes ſucceſſeurs.

Voilà la réponse du Roy de Siam dans les mêmes termes qu’il l’expliqua à ſon Miniſtre, & que celui-ci la donna par écrit à Monſieur l’Ambaſſadeur. On voit aſſez par ce raiſonnement l’eſprit de ce Prince, qui ſans aucune connoiſſance des ſciences d’Europe, a expoſé avec tant de force & de netteté la raiſon la plus plauſible de la Philoſophie Payenne contre la ſeule vraye Religion. Ceux qui connoiſſent la droiture de ce Prince ne peuvent douter qu’il n’ayt dit ſincerement ce qu’il penſoit, & ce qui luy paroiſſoit de plus véritable.

Réplique de M. Conſtance aux objections du Roy de Siam ſur le changement de Religion.

Aprés que le Roy eut parlé de la ſorte, il fut quelque tems ſans rien dire, & enſuite regardant le Seigneur Conſtance ; Que croiez-vous, pourſuivit-il, que répondra l’Ambaſſadeur à toutes ces raiſons que je vous ordonne de luy donner par écrit ? Je ne manqueray pas, Sire, dit Monſieur Conſtance, d’exécuter les ordres de Vôtre Majeſté ; mais je ne ſçay pas ce que l’Ambaſſadeur de France répondra à ce que Vôtre Majeſté vient de me dire, qui me paroît ex-