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DE SIAM. Livre V.

Le Roy de Siam répond au Seigneur Conſtance.

Le Roy écouta le diſcours du Seigneur Conſtance ſans l’interrompre, & s’étant recueïlly en luy-même un moment comme une perſonne occupée d’une grande penſée, il luy repliqua ſur le champ en ces termes. N’apprehendez point que je veuille geſner vôtre conſcience. Mais qui a fait accroire au Roy de France mon bon amy que je pouvois avoir de ſemblables ſentimens ? Hé qui peut douter, Sire, repliqua le Seigneur Conſtance, que Vôtre Majesté n’ait ces grandes penſées, en voyant la protection qu’elle donne aux Miſſionaires, les Egliſes qu’elle fait bâtir, les aumônes qu’elle fait aux Peres de la Chine. C’eſt ſur cela, Sire, que le Roy de France s’est perſuadé que Vôtre Majeſté avoit du penchant pour le Chriſtianiſme. Mais quand vous avez dit à l’Ambaſſadeur, ajoûta le Roy, les raiſons qui me retiennent dans la Religion de mes Anceſtres, quelle réponſe en avez-vous reçûë ? L’Ambaſſadeur de France, répartît le Seigneur Conſtance, a trouvé que ces raiſons étoient d’un grand poids ; mais comme la propoſition qu’il faiſoit de la part du Roy ſon Maître étoit déſintéreſſée, & que ce grand Monarque n’avoit en veuë que le bien de vôtre Majeſté, il n’a pas jugé qu’aucune des raiſons que je luy ay apportées, dût

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