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DE SIAM. Livre V.

Chréêtien à luy envoyer une ſi ſolemnelle Ambaſſade. Ce Prince ſi sage, vôtre bon amy, Sire, connoiſſant la grandeur d’ame & la généroſité du cœur Royal de Vôtre Majeſté par les Ambaſſadeurs, & les magnifiques préſens qu’elle luy avoit deſtinez, ſans autre intereſt que celuy de rechercher l’amitié Royale d’un Prince ſi glorieux & ſi renommé dans tout l’Univers ; & voyant enſuite que les Miniſtres de Vôtre Majeſté avoient renvoyé aux Miniſtres de ſon Royaume deux Mandarins avec des préſens conſidérables pour les féliciter de la naiſſance du petit fils de leur grand Roy, digne d’une perpétuelle poſtérité, qui repréſente éternellement à la France l’image de ſes admirables vertus & qui aſſure le bonheur de ſes peuples. Ce grand Monarque, Sire, ſurpris d’un procédé ſi desintereſſé réſolut de répondre à ces empreſſemens obligeans, & pour le faire il imagina un moyen qui fût digne de luy & convenable à Vôtre Majeſté. Car de vous preſenter des richeſſes ? c’eſt dans vôtre Royaume, Sire, où les Etrangers les viennent chercher. De vous offrir ſes forces ? il ſçavoit bien que Vôtre Majesté eſt redoutée de tous ſes voiſins & en état de les punir s’ils ne vouloient pas s’en tenir à la paix qu’ils ont obtenuë à for-