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VOYAGE

que pluſieurs hommes tenoient, afin de les retirer en caſque le choc fût trop rude. On les laiſſoit approcher de telle maniere que leurs défenſes ſe croiſoient sans qu’ils puſſent ſe bleſſer. On dit qu’ils ſe choquent quelquefois ſi rudement qu’ils ſe briſent les dents & en font voler les éclats de tous côtez. Ceux-cy ne ſe battirent pas avec tant de violence, ils ne ſe choquèrent que quatre ou cinq sois, aprés quoy on les ſépara, & le combat fut ſi court, qu’on crût que le Roy ne l’avoit ordonné que pour avoir occaſion de faire d’une maniere plus agréable un préſent à Monſieur de Vaudricourt qui avoit amené les deux Mandarins Siamois, & qui devoit conduire ſes Ambaſſadeurs en France. Car à la fin de ce ſpectacle Sa Majeſté s’approcha de luy, & luy donna de ſa main un ſabre dont la poignée étoit d’or maſſif, & le fourreau d’écailles-tortuë orné de cinq lames d’or, avec une grande chaîne de filigrane d’or pour luy ſervir de baudrier, & une veſte de brocard à boutons d’or : il luy dit qu’il luy mettoit ce cimeterre en main pour conduire ſes Ambaſſadeurs en ſeureté, & pour ſervir le Roy ſon Maître contre ſes ennemis. Cette ſorte de ſabre ne ſe donne par le Roy de Siam qu’à ſes Généraux d’ar-