Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
DE SIAM. Livre V.

du Païs de quelque qualité qu’ils ſoient, excepté le Roy, montent ſur le cou & le conduiſent eux-mêmes, à moins qu’ils n’aillent à la guerre. Car alors outre deux Paſteurs, dont l’un eſt ſur le cou & l’autre ſur la croupe, le Mandarin armé d’une lance ou d’une eſpéce de javelot, eſt ſur le dos de l’Eléphant, ainſi que je l’ay vû moy-même dans une chaſſe d’Eléphans, où les Mandarins vont armez comme à une bataille. J’y remarquay auſſi que le Roy qui étoit dans une eſpece de Trône, ſe leva ſur ſes pieds lorſque les Eléphans ſauvages voulurent forcer le paſſage de son côté, & ſe mit sur le cou du ſien pour les arrêter.

Nous ſuivîmes donc le Roy dans une grande campagne à cent pas de la Ville. Le Roy monté ſur un Eléphant avoit Monſieur l’Ambaſſadeur à ſa droite à quinze ou vingt pas de luy, le Seigneur Conſtance à ſa gauche, & tout autour une grande multitude de Mandarins proſternez par reſpect aux pieds de ſon Eléphant. On entendit d’abord certaines trompettes dont le ſon eſt fort dur & ſans inflexion. Alors les deux Eléphans deſtinez pour combattre jetterent des cris horribles. Ils étoient attachez par les pieds de derriere avec de groſſes cordes.

Oo