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VOYAGE

fenêtres aux gens des Mandarins qui la voient apporté, & au peuple qui y étoit en foule. Cela fit beaucoup de bruit dans la Ville de Siam, & ſurprit tout le monde qui n’avoit jamais vû cette ſorte de magnificence. On ne parla durant long-tems que de cette riche pluye d’or & d’argent qui tomboit dans la cour de l’Ambaſſadeur de France. Cette libéralité faite à propos augmenta beaucoup l’eſtime que les Grands & les Peuples avoient conceuë de la Nation Françoiſe au deſſus de toutes les autres de l’Europe.

Auſſi-tôt que Monſieur l’Ambaſſadeur fut dans la Ville de Siam, le Seigneur Conſtance qui demeuroit auparavant dans le Camp des Japonois, vint ſe loger dans une belle maiſon qu’il a, proche l’Hôtel de ſon Excellence ; & durant tout le tems que nous fûmes à Siam il tint table ouverte aux François, & en leur conſidération à toutes les autres Nations. Sa maiſon étoit fort bien meublée, & au lieu de tapiſſeries qu’on ne ſçauroit ſouffrir à Siam à cauſe du chaud, on avoit étendu tout autour du Divan un grand paravant du Japon d’une hauteur & d’une beauté ſurprenante. Il y avoit toûjours deux tables de douze couverts chacune, & où on faiſoit une chere fort abondante & fort délicate. On y trouvoit de