Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
DE SIAM. Livre IV.

trouvez dans diverſes occaſions contre les ennemis de l’Etat, où ils s’étoient diſtinguez par leur valeur. Le Roy l’écoûta avec beaucoup de plaiſir, & fit enſuite tomber le diſcours ſur les Ambaſſadeurs qu’il avoit envoyez en France, dont il n’avoit eu aucune nouvelle. Il ſe répandit ſur les loüanges du Roy aſſez long-tems, témoignant une extrême joye d’entendre ce que Monſieur l’Ambaſſadeur luy racontoit de sa grandeur, de ſa ſagesse, de ſes conqueſtes, & de la paix qu’il venoit de donner à l’Europe. Enfin il fit dire à M. l’Ambaſſadeur, que s’il avoit beſoin de quelque choſe de son Royaume pour luy & pour les perſonnes de ſa ſuite, qu’il s’addreſſât à son Barcalon, auquel il avoit donné des ordres exprès de le ſatisfaire en toutes choſes. Ainsi finit la premiere audiance avec beaucoup de ſatisfaction de part & d’autre.

Au ſortir de la Salle, Monſieur Conſtance mena Monſieur l’Ambaſſadeur voir l’Elephant blanc qui eſt ſi eſtimé dans les Indes, & qui a été le sujet de tant de guerres. Il eſt aſſez petit & ſi vieux qu’il en eſt tout ridé. Pluſieurs Mandarins ſont deſtinez pour en avoir ſoin, & on ne le ſert qu’en vaiſſelle d’or, au moins les deux baſſins qu’on avoit mis devant luy, étoient d’or maſſif,

On va voir l’Elephant blanc dans ſon appartement.