Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
DE SIAM. Livre IV.

ſemble pour rendre leur cérémonie plus éclatante, & qui vinrent dans une infinité de Balons diverſement parez, complimenter Monſieur l’Ambaſſadeur. Le lendemain arrivèrent quatre grands Balons d’Etat, par ordre du Seigneur Conſtance, armez chacun de quatre-vingts rameurs, nous n’en avions point encore vû de ſemblables. Les deux premiers avoient la figure de Chevaux Marins, ils étoient tout dorez, & à les voir venir de loin ſur la Riviére, on eût crû qu’ils étoient animez. Deux Officiers des Gardes du Corps étoient deſſus pour y recevoir les préſens du Roy de France. Dés qu’ils en furent chargez ils s’allèrent poſter en grand ſilence au milieu du Canal. Durant tout le tems qu’ils y reſtérent on n’entendoit pas le moindre bruit ſur le rivage, & il ne fut plus permis à aucun Balon de monter ou de deſcendre sur la Rivière, de peur de manquer de reſpect aux Balons d’Etat & aux preſens qu’ils portoient.

La veille du jour déterminé pour l’entrée de Monſieur l’Ambaſſadeur dans la Ville de Siam, & pour ſa premiere Audiance, le Roy luy députa deux Princes de ſa Cour pour l’accompagner le jour ſuivant. Le premier s’appelloit Oya Praſſedet, & l’autre Peya Tep de Châ. Celuy-cy étoit couſin