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DE SIAM. Livre IV.

que c’étoit la choſe du monde qu’il ſouhaitoit le plus, mais qu’il n’y voyoit aucune apparence ; que le Roy étoit extremément attaché à la Religion de ſes Ancêtres, & qu’il ſeroit fort ſurpris d’une propoſition à laquelle on ne l’avoit point préparé ; qu’il conjuroit Monsieur l’Ambaſſadeur de ne point parler de cette affaire qui cauſeroit ſans doute du deſordre dans les conjonctures préſentes, & qui ne pouvoit produire aucun bien. Monſieur l’Ambaſſadeur répondit qu’il y penſeroit, mais qu’il auroit bien de la péine à supprimer la plus conſiderable & presque l’unique raiſon de son voyage.

On traitta enſuite de la maniere dont les Gentilshommes de Monſieur l’Ambaſſadeur ſeroient à l’Audiance ; car on vouloit, ou qu’ils n’y fuſſent point, ou qu’ils y fuſſent dans une poſture humiliante.

Monsieur l’Ambaſſadeur voulut absolument qu’ils entraſſent avec luy dans la Salle d’Audiance, & qu’ils y demeuraſſent tandis qu’il y ſeroit. Le Seigneur Conſtance eût beau luy dire que c’étoit une choſe nouvelle qui ne s’étoit jamais pratiquée à la Cour de Siam, & que le Roy auroit bien de la peine à se relâcher là-deſſus ; que les Ambaſſadeurs même des Rois du Tunquin, & de la Co-

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