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VOYAGE

parens, qui pourroient bien s’y être logées.

Nous ne faiſions pas une lieuë ſans rencontrer quelque Pagode, c’eſt-à-dire, un Temple d’Idoles. Il eſt toûjours accompagné d’un petit Monaſtere de Talapoins., qui ſont les Prêtres & les Religieux du Païs. Ces Talapoins vivent en communauté, & leurs Maiſons ſont autant de Séminaires, où les enfans de qualité ſont élevez.

Tandis que ces enfans y demeurent ils portent l’habit de Talapoin, qui conſiſte en deux piéces d’une eſpéce de toile de coton jaune, dont l’une ſert à les couvrir depuis la ceinture juſqu’aux genoux ; pour l’autre, tantôt il s’en font une écharpe qu’ils paſſent en bandoulière, tantôt ils s’en enveloppent, comme d’un petit manteau. On leur raſe la tête & les sourcils auſſi bien qu’à leurs Maîtres, qui ſont perſuadez qu’il y auroit de l’immodeſtie & du péché à les laiſſer croître. Leur aveuglement nous inſpiroit une extrême compaſſion pour eux.

Aprés avoir ramé toute la nuit, nous arrivâmes ſur les dix heures du matin à Bancok. C’eſt la plus importante Place du Royaume, parce qu’elle défend le paſſage de la Rivière, avec un Fort qui eſt de l’autre côté. Tous deux ſont bien fournis de