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DE SIAM. Livre III.

ſens des particuliers, ont encore beaucoup augmenté la confiance du Roy à ſon égard. Tout luy paſſe préſentement par les mains, & il ne ſ fait plus rien ſans luy ; Cependant ſa faveur ne l’a point changé, il eſt aiſé à aborder, doux & affable à tout le monde, toûjours preſt à écouter les pauvres & à faire juſtice aux moindres du Royaume. Il eſt le refuge des affligez & des miſérables, mais les Grands & les Officiers qui ne font pas leur devoir, le trouvent ſévere & ſans complaiſance.

Etant ſorty jeune de ſon Païs, & par conſéquent peu inſtruit dans la Réligion Catholique dans laquelle il avoit été élevé, il ne fut pas difficile aux Anglois de luy faire embraſſer la Religion Protestante qui luy paroiſſoit peu differente de la ſienne. Mais depuis ayant eu quelques conférences avec les Peres Thomas & Maldonat de nôtre Compagnie pour qui il conſerve toûjours une tendre amitié, & reconnoiſſant par ſes propres lumières le mauvais party qu’on luy avoit fait prendre ; il le quitta quand il en fut pleinement convaincu & abjura ſon héréſie entre les mains du Pere Thomas. Depuis ce tems là il mene une vie fort régulière & fort édifiante, & contribue beaucoup par ſon exemple & par ſon crédit à l’établiſſe-

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