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VOYAGE

ſte ils avoient mis en détail ce qu’ils avoient touché & ce qu’ils avoient employé. De ſorte qu’à leur compte il leur étoit dû une groſſe ſomme, dont ils diſoient avoir un extrême beſoin. Le Roy voulut ſçavoir l’avis du Seigneur Conſtance là-deſſus, & il luy mit entre les mains le mémoire des Mores. Dés qu’il l’eut examiné, il dit au Roy qu’on l’avoit trompé, & que bien loin que Sa Majeſté leur dût quelque choſe, ils luy étoient redevables de ſoixante mille écus. Le Capitaine More fut obligé d’en convenir, & d’avoüer, devant les Députez que le Roy nomma pour juger de ce différend, qu’on s’étoit trompé.

Le Barcalon étant mort quelque-tems aprés, le Roy voulut mettre Monſieur Conſtance en ſa place. Il s’en excusa, & répondit à Sa Majeſté que ce poſte luy attireroit l’envie de tous les Grands, qu’il la ſupplioit très-humblement de ne le point élever au deſſus de ſon état, & qu’il n’avoit plus rien à ſouhaiter, étant aſſez heureux pour avoir part à ſes bonnes graces. Sa modeſtie, ſa facilité pour les affaires, ſa diligence à les expédier, ſa fidélité dans le maniement des Finances, & son deſintereſſement qui luy faiſoit refuſer & les appointemens de ſa Charge & tous les pré-

ſens