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DE SIAM. Livre III.

ayant appris que ce Sacrifice se faiſoit pour chasser le Diable du corps d’un malade, & que la cérémonie dureroit juſqu’au soir ; aprés avoir demeuré là prés d’une heure, nous nous retirâmes avec beaucoup de compaſſion de l’aveuglement de ces peuples, & un grand desir de travailler à la converſion de leurs compatriotes.

Le vingt-quatrième jour d’Aouſt, veille de Saint Louis, Monsieur l’Ambassadeur fit la civilité à Monsieur le Général de le faire avertir qu’il ne fut pas ſurpris s’il entendoit le soir tirer du canon à la rade, que c’étoit-la coûtume des Vaiſſeaux du Roy d’honorer la Fête de Saint Louis par ces sortes de réjouissances. Monsieur l’Ambaſſadeur avoit chargé un autre Jésuite & moy de cette commiſſion, nous allâmes au Palais, Monsieur le Général étoit au Conseil. Dés qu’on l’eût averti que nous l’attendions, il vint à nous & nous luy fîmes nôtre compliment de la part de Monsieur l’Ambassadeur. Il ſe ſentit fort obligé de cette honnêteté, diſant que les François se diſtinguoient par tout, & que les Anglois n’avoient pas eu pour luy les mêmes égards. Il nous demanda ſi c’étoit le jour de la naiſſance du Roy, parce qu’il vouloit prendre part à nôtre réjoüiſſance, & témoigner ses reſpects à ce grand Mo-