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VOYAGE

au cordeau, entre deux allées d’arbres du pays toûjours verds : la pluſpart même ſont partagées en chemins fort unis, & en beaux canaux revêtus que remplit en toute ſaiſon une grande Rivière qui ſe vient jetter dans la Mer en cet endroit.

On a conduit les eaux de cette rivière dans les Foſſez de la Ville & de la Fortereſſe, & preſque dans toutes les rues, ſans beaucoup de dépenſe, parce que le terrain eſt égal & aiſé à remuer. Cet ouvrage eſt un grand ornement pour la Ville & une grande commodité pour les Habitans, qui peuvent à leur choix aller à pied ou en bâteau & ſe promener, quelque tems qu’il faſſe. Car on marche pendant la chaleur à l’ombre des arbres, & les ruës y ſont tellement diſpoſées, par la pente qu’on leur donne vers le canal, que l’eau s’y écoule à meſure qu’elle tombe. Les maiſons ſont encore plus propres que les ruës ; elles n’ont rien à la verité ny au dedans ny au dehors de fort magnifique, mais elles ſont jolies & commodes. Tout y paroît riant, les murailles ſont blanches comme la neige, on n’y voit pas la moindre tache, non plus que ſur les meubles, qui ſont polis & luiſans comme des glaces de Miroirs.

Quoyque Batavia ne ſoit qu’à ſix degrez

de