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DE SIAM. Livre III.

ne & du Tunquin. Il étoit sorty de son Eglise le vingt-neufviéme d’Octobre de l’an 1684. avec le Pere Emmanuel Fereira, qui étoit le Supérieur de la Million. Ce fut une grande douleur pour cette nombreuse & florissante Chrétienté de les voir sortir du Païs. Il y eut bien des larmes répanduës de part & d’autre. Et si les Peres ne leur avoient laissé quelque espérance de retour, ils ne se fussent jamais consolez. Jusqu’à des Mandarins idolâtres pleurèrent leur départ, & les Chrétiens conçûrent tant d’averfion pour ceux qu’ils soupçonnoient d’en être cause, qu’ils ne voulurent plus se confes ser, demandant sans cesse leurs premiers Maîtres & leurs anciens Pasteurs. C’est ce que nous avons appris aux Indes d’un Ec clesiastique digne de foy & fort instruit de ces sortes d’aftaircs.

Ces deux Peres arrivérent à Batavia le vingt-troifiéme de Décembre sur un Vaisseau Hollandois qu’une tempête éloigna de Siam, où ils avoient dessein d’aller. Le Pere Fuciti attendoit à Batavia l’occasion de passer à Siam, où il devoit recevoir par Macao les ordres de ses Supérieurs & de l’argent pour faire son voyage, avant que de retourner en Europe ; le Pere Fereira étoit allé les prendre luy-même six se-

Bon traitement que les Jesuites Missionnaires du Tunquin recourent à Batavia.