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DE SIAM. Livre III.

qui cherchoit à ſe ſauver, & le livrerent à ſon fils. Celuy-cy voulut d’abord punir son Pere de ſa révolte & le faire mourir ; mais les Hollandois luy perſuaderent de ne pas tremper ses mains dans le ſang de celuy, dont il tenoit la vie. Ainsi il ſe contenta de le reſſerrer dans une priſon fort étroite, ſans permettre à ſes femmes de l’accompagner. Il s’est néanmoins relâché sur ce dernier article, depuis qu’il s’est vû paisible poſſeſſeur du Royaume.

Quelques jours aprés, lejeune Roy donna ordre aux François & aux Anglois de ſe retirer, ſous pretexte qu’ils luy étoient ſuſpects, & qu’on luy avoit dit qu’ils favorisoient le party du Roy son Père. Les François emportèrent leurs effets & ſortirent de Bantam ; mais les Anglois proteſtèrent contre les Hollandois de la violence qu’ils leur faiſoient, ſous le nom du Roy ; & sortant de la Ville, ils laiſſérent tous leurs effets dans leurs Magazins. Voila ce qui a cauſé, entre ces deux Nations, le grand différend qui a fait tant de bruit, & qui n’étoit pas encore terminé quand nous partîmes d’Europe.

Après cette digreſſion que nous venons de faire ſur la révolution arrivée dans l’Iſle de Java, il faut reprendre la suite de nôtre


Les François & les Anglois sortent de la Ville par ordre du Roy de Bantam.

Arrivée à la rade de Batavia.

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