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DE SIAM. Livre III.

noient la réſolution de ſecourir Sultan Aguy, les François & les Anglois ſe déclareroient immancablement contre eux, & qu’ainsi ils s’attireroient une fâcheuse guerre. Le Genéral eut beau leur repréſenter l’occaſion qu’ils perdroient de ſe rendre maîtres d’une Place & d’un Royaume ſi conſidérables, & ſi sort à leur bien-ſéance ; qu’en faiſant lever le ſiége, ce qu’on feroit sans doute, on alloit mettre le jeune Sultan tout-à-fait dans leur interêt, & peut-être ſe rendre maître de ſa personne, de ſon Royaume & de tout le commerce de l’Iſle de Java, qui étoit ce que la Compagnie avoit le plus à ſouhaiter. Le Conseil ne changea point d’avis pour toutes ces raiſons : on ſoûtint toujours qu’il falloit demeurer neutre.

Alors le Général qui avoit bien d’autres vûes, ſe ſervant de l’autorité ſouveraine qu’il a dans ces rencontres, dit publiquement qu’il vouloit ſecourir ce Prince ſon allié, qui imploroit ſon ſecours, qu’il ſe chargeoit de l’événement & de faire approuver ſon procédé par la Compagnie en Hollande. Il fait appeller auſſi-tôt le Baron de S. Martin Major de Batavia, le déclare chef de cette entrepriſe, & luy ayant ordonné de ramaſſer le plus de troupes qu’il pourroit parmy les soldats de

Le Général Spelman envoye un puiſſant ſecours au Sultan Aguy aſſiégé.