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VOYAGE

entre eux certaines gens, qui trouvoient leur intéreſt dans la mauvaiſe intelligence du Pere & du fils, détermina ce Prince à prendre les armes, pour rentrer par force dans un Royaume qu’il venoit de quitter de ſon bon gré. Il marche donc à la tête d’une groſſe armée contre son fils, qui ſe trouva en un moment abandonné de tous les ſiens, aſſiégé dans ſa Capitale, & ſur le point de ſe rendre ou d’étre livré entre les mains du vainqueur. Comme il ſe vit dans cette extrémité, il réſolut de riſquer tout plûtôt que de se ſoûmettre à la clémence de ſon Pere, qu’il avoit ſi fort irrité.

Enfin ne voyant point d’autre reſſource dans ſon malheur, il implora le ſecours des Hollandois par un Javan fidéle qui ſe ſauva à Batavia à la faveur de la nuit. Le Général Spelman vivoit encore ; & comme c’étoit un homme d’un eſprit vif, qui aimoit les grandes entrepriſes, & qui ne ſe gouvernoit pas par des vûës ordinaires, il fit aſſembler ſon Conseil pour délibérer ſur ce qu’il avoit à faire. Tout le Conſeil opina qu’il ne falloit point ſe mêler du différent qui étoit entre le pere & le fils, qu’il n’y avoit point de party à prendre entre les deux Princes, puiſqu’ils étoient également leurs alliez & leurs amis, que s’ils prc-

Le jeune Sultan aſſiégé par ſon pere implore le ſecours des Hollandois.