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VOYAGE

l’esprit du Sieur du Tertre les ſoupçons déſavantageux, dont il le voyoit prévenu contre ceux de sa Nation ; qu’on deſabuſeroit les François aſſûrément, s’ils vouloient bien aller à Batavie où les Hollandois étoient les Maîtres, que là, on leur marqueroit le reſpect qu’on avoit pour le Roy, & l’eſtime qu’on y faisoit de la Nation Françoiſe. Monſieur du Tertre eut beau ſe plaindre, on ne luy répondit autre chose, & il fut obligé de ſe retirer à bord de la Frégate.

Le lendemain le Gouverneur de Bantam envoya à Monsieur de Joyeux beaucoup de rafraichiſſemens, de volailles, d’herbes, & de fruits du païs ; & Monſieur de Joyeux répondit à cette honnêteté par un preſent, qu’il luy fit, de beaucoup de curioſitez de France. Quelques jours apres, il vint à bord de la Frégate un Pangran (c’eſt ainſi qu’on appelle les Seigneurs de la Cour de Bantam) accompagné de quatre hallebardiers de la Nation. Il fit dire par son Interprete qu’il venoit de la part du Roy son Maître, témoigner aux François que ce Prince étoit ſurpris de les voir encore moüilier dans sa rade ; qu’ils euſſent au plûtôt à lever l’ancre, & à ſe retirer de ſes ports & de ſes terres. Monſieur de Joyeux répondit fort fiérement, &

Preſens mutuels du Gouverneur de Bantam & du Capitaine de la Fregatte.

Pangran, c’eſt le nom des Grands de l’Iſle de Java.