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DE SIAM. Livre III.

ses peuples mal-contens du gouvernement preſent, ſoûpiroient apres quelque changement ; qu’ils n’attendoient que le moment de ſe ſoûlever à la premiere apparence du ſecours, qu’on leur faiſoit eſpérer d’Angleterre ; & qu’ainſi les François ne devoient pas trouver mauvais, que ce Prince prît ſes ſeuretez & que les Hollandois qui n’étoient dans ſes intérêts que comme ſes alliez & ſes amis, & qui ne le ſervoient que comme troupes auxiliaires, reçuſſent ſes ordres & luy obéïssent. L’Officier François piqué de cette réponse, & croyant pénétrer la veritable raiſon d’un procédé ſi mal-honnête, repartit qu’on ſeroit étrangement ſurpris, que les Hollandois, qui témoignent en Europe vouloir conſerver avec tant de ſoin la paix & la bonne intelligence avec la France, ne leur accordaient pas dans les Indes, ce qu’on ne refuſe qu’à des ennemis déclarez ; qu’aſſeurément le Roy ſon Maître trouveroit fort mauvais, qu’on en usât ainſi à l’égard de ses Vaiſſeaux ; & qu’enfin, on ſçavoit aſſez qu’ils étoient les Maîtres à Bantam ; que le Roy, de l’authorité duquel ils couvroient leur refus, étoit entierement en leur diſpoſition, & même gardé par leur troupes. A ces mots le Lieutenant Hollandois repliqua, qu’en vain il tâcheroit de détruire dans

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