Page:Tachard - Voyage de Siam, des Pères jésuites, 1686.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
DE SIAM. Livre III.

remède contre cette maladie qu’on appelle mal de terre, & qui n’eſt à proprement parler, qu’une corruption de ſang cauſée par la mauvaiſe nourriture & les viandes ſalées. Ce mal commence ordinairement par les gencives, qui deviennent d’abord toutes rouges, ensuite noires, & qui enfin ſe pourriſſent entiérement ; de ſorte que pour empeſcher que cette corruption ne paſſe plus avant, il faut couper chaque jour les chairs pourries autour des dents qui tombent ordinairement, ſi on n’y remédie. Cette corruption ſe gliſſe auſſi dans les jambes, & dans les cuiſſes, qui s’enflent & deviennent livides. On ne guérit ceux qui en ſont attaquez, qu’en les mettant à terre, & en leur donnant de bonne nourriture. Il y a quelques Chirurgiens qui les enterrent dans le ſable juſqu’au cou durant pluſieurs jours ; d’autres les baignent dans l’eau douce, & l’on a vû ſouvent ces remedes réüſſir.

On envoye le Chevalier de Fourbin au Gouverneur de Bantam.

Avant que de moüiller à la rade de Bantam, le Chevalier de Fourbin étoit allé par ordre de Monſieur l’Ambaſſadeur à la Ville, rendre viſite au Gouverneur. Mais à peine euſt-il paſſé une petite iſle, derriere laquelle nous moüillâmes, avant que d’être à la rade, qu’il apperceut la Frégatte à l’ancre, de l’autre côté de cette Iſle, à trois lieuës de

S