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DE SIAM. Livre III.

Javan tint ſi bien ſa parole, que Monſieur l’Ambaſſadeur ayant fait mettre à la voile avant l’heure marquée, il ne laiſſa pas de ſe mettre dans son Prau avec ſes proviſions, & fit tant de diligence, qu’il attrapa le Vaiſſeau & rendit compte de sa commiſſion & de ſon emplete juſques au dernier denier.

Rade de Bantam.

Nous n’arrivâmes que le quinziéme d’Aouſt, jour de l’Aſſomption de Nôtre-Dame à la vûë de la rade de Bantam, comme nous étions arrivez à celle du Cap le jour de l’Aſcension de Nôtre Seigneur. Cette Rade eſt une des plus belles du monde, & des plus commodes. Elle a environ huit à neuf lieuës de tour. Ce ne ſont, que terres baſſes de tous cotez : ce qui n’empêche pas que les Mers n’y ſoient toûjours fort tranquilles. La Ville de Bantam qui eſt aſſez grande eſt ſituée au milieu de la Baye. Les maiſons y ſont toutes bâties de bois. Vers le milieu de la Rade il y a un petit Fort où le Roy demeure, & où les Hollandois, depuis qu’ils s’en ſont rendus maîtres, tiennent une forte garniſon, en attendant qu’ils ayent le tems de bâtir une bonne Fortereſſe, qui eſt déja aſſez avancée. Bantam étoit autrefois une Ville de commerce, ſur tout pour le Poivre, où tous les Européans entretenoient un grand trafic. Mais depuis