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VOYAGE

Erreur conſidérable des Cartes Hydrographiques & Géographiques.

Ce qui nous fit remarquer que cette Iſle eſt beaucoup plus Occidentale, & par conſéquent plus proche de ſoixante lieuës du Cap de Bonne Eſpérance, qu’elle n’eſt marquée sur les Cartes Géographiques.

Cela fut cauſe que nous atterrîmes[1] plus de ſoixante lieuës au deſſus de la pointe la plus Occidentale de cette Iſle que nous cherchions. Erreur qu’on doit attribuer aux Cartes & non pas à l’incapacité des Pilotes qui ont toûjours navigué très-juſte, & qui ſe ſont trouvez à terre, par leur point & par leur eſtime, le même jour, que nous l’avons vûë, ſoit à l’Iſle de Java ou au Cap de Bonne Eſpérance, comme nous l’avons déja remarqué. La vûë de ces terres nous paroiſſoit quelque choſe d’admirable ; elles ſont couvertes d’arbres d’une très-belle verdure, & qui répandent une odeur agréable juſques à deux & trois lieuës dans les Vaiſſeaux qui paſſent. Nous côtoyâmes cette Iſle avec un ſi bon vent, que nous fîmes dans un jour & demy les ſoixante lieuës que nous avions trop couru à l’Eſt ; le Lundy au soir ſixiéme d’Aouſt, nous nous trouvâmes à l’entrée du détroit de la Sonde, que forment les Iſles de Java. & de Sumatra.

Mais ce qu’il y a de plus ſurprenant, &

  1. Atterrir, c’eſt, en terme de marine, arriver à une terre.
qui