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VOYAGE

ner à la Providence. Car si nous euſſions été exaucez, & que Dieu nous eût accordé le vent que nous demandions avec tant d’empreſſement, nous euſſions infailliblement donné, la nuit du deuxiéme au troisiéme d’Aouſt, contre une Iſle baſſe avec un très-grand danger d’y faire naufrage. On ne reconnut cette Iſle, que le matin à la pointe du jour, lorſque nous en avions déja paſſé prés de la moitié, n’en étant éloignez que de deux lieuës ou environ. De ſorte que ſi nous euſſions eu cette nuit là le vent propre, pour aller droit à l’Eſt-Nord-Eſt, comme nos Pilotes le jugeoient à propos, nous ne pouvions manquer de nous perdre. Comme cette Iſle est ſituée preſque au dixiéme dégré de latitude, on crut quelque-tems que c’étoit l’Iſle des Cocos, que nous croyions avoir déja paſſée, d’autant qu’elle eſt marquée sur les Cartes au douzième dégré de latitude méridionale.

Embarras où l’on fut, avant que d’arriver à l’Iſle de Java.

On ne pouvoit pas auſſi s’imaginer que ce fût l’Iſle de Mony la plus Auſtrale, & la plus Orientale des deux Iſles, qui ſont proche de la côte de Java, ſoit parce que Mony eſt marquée sur les Cartes ordinaires à huit dégrez de latitude, ſoit parce que nous ne vîmes de tout le jour, ny même le lendemain, l’autre petite Iſle qui en eſt fort