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DE SIAM. Livre II.

la Sonde. Les trois autres s’y oppoſérent, à cauſe des dangers qui ſe rencontrent le long de cette côte, & des fréquens naufrages qu’on y a faits : outre qu’ils firent voir qu’il étoit fort difficile de paſſer entre le Trial[1] & la Terre, & qu’ainſi il valoit mieux gagner l’Iſle de Java. Ils diſoient que dans peu de tems les vents changeroient, ou qu’on relâcheroit à Sumatra en derniére reſource ; que ce party, quoyqu’aſſez fâcheux, étoit néanmoins ſans péril, & qu’il faloit s’y réſoudre plûtôt que de riſquer à ſe perdre. On ſuivit ce dernier avis il ſe trouva le meilleur, comme on le verra par la ſuite. Il eſt vray que depuis ce tems-là les vents ne devinrent pas plus favorables, qu’ils l’étoient alors ; mais comme l’Iſle de Java n’étoit pas ſi éloignée que nos Pilotes, fondez ſur leurs Cartes, se l’imaginoient, on ſe trouva en peu de tems bien au deſſus du détroit de la ſonde, & on y entra de la maniere que nous allons le raconter. On n’avoit pas voulu se fier à l’expérience & aux bons avis de Monſieur de Saint Martin, qui nous avoit aſſûré, que l’Iſle de Java étoit mal marquée sur les Cartes ordinaires, & qu’elle étoit d’environ cent lieuës plus proche du Cap & beaucoup moins au vent qu’on ne croyoit.

  1. Le Trial ſont trois Iſles aſſez baſſes.
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