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VOYAGE

plus on prenoit du Sud, plus on trouvoit de vents violents, & que quelquefois ils changeoient ſi promptement de la Poupe à la Prouë, qu’ils avoient eu pluſieurs fois leurs voiles enfoncées, & leurs mâts rompus.

Vigilance des Officiers du Vaiſſeau.

Mais il n’étoit pas beſoin de donner ce dernier avis à Monsieur de Vaudricourt : il n’y eut jamais un Capitaine plus vigilant ny plus appliqué. Et bien nous en prit, ſur tout ce jour-là ; car si l’Equipage n’eût pas été à l’erre & les Officiers ſur le Pont, nous euſſions couru grand riſque de perdre du moins nos mâts & nos voiles.

Remarques néceſſaires pour ceux qui partent du Cap pour les Indes.

On voit aſſez par-là, qu’il ne faut pas aller vers le Sud que le moins que l’on pourra, & que ſi on trouve dés la hauteur du Cap les vents d’Oüeſt, il faut faire ſa route, ſans ſe mettre en peine d’élever davantage, à cauſe de la ſaiſon d’hyver & des accidens dont je viens de parler, qu’on ne peut guére éviter ſans cette précaution. Il n’en eſt pas de même au retour, comme nous l’éprouvâmes par le travers de l’Iſle Maurice, & je l’avois auſſi entendu dire à Monſieur l’Ambaſſadeur par un Pilote Hollandois que nous prîmes à Batavia, pour nous méner à Siam. il diſoit que dans la ſaiſon d’Eté, que nous prénions pour retourner au Cap, il