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DE SIAM. Livre II.

ſions beaucoup de chemin avec ces gros vents d’Oüeſt & de Sud-Oüeſt. Cela dura environ dix-huit jours, pendant leſquels on fit prés de ſept cens lieuës. Nous en euſſions fait encore davantage, ſans les courans, que nous rencontrâmes auprés de l’Iſle de Madagaſcar, & qui étoient contraires. Nous avions d’abord couru jusſques au trente-ſeptième dégré méridional, afin de trouver les vents d’Oüeſt, parce que dans la ſaiſon, où nous étions, ils y régnent d’ordinaire.

Il faut être toûjours ſur ſes gardes au trente-ſixiéme degré de latitude auſtrale.

Cependant environ ce tems-là, c’eſt-à-dire le ſeiziéme ſur les onze heures du matin, à la hauteur de trente-ſix dégrez vers le Midy, comme nous allions aſſez vîte avec un tems favorable, tout à coup le vent changea bout pour bout, & tomba ſur nos voiles comme pour nous faire reculer, avec tant de violence, que nous penſâmes démâter de tous nos Mats. On eût bien de la peine à revirer de bord, & à mettre le vent dans les voiles. Le Baron de Saint Martin nous avoit averti de dire à nos Pilotes, qu’il ne faloit élever vers le Sud que le moins que l’on pourroit, & que dés que nous trouverions les vents d’Oüeſt, il falloit s’en ſervir, & porter à l’Eſt droit à la route. Il nous aſſûra que les Hollandois avoient remarqué, que

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