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VOYAGE

niſme. Dans la ſuite on pourroit pénétrer juſques chez les peuples les plus éloignez dont on amèneroit ſans doute pluſieurs, avec la grace de Dieu, à la Bergerie du Sauveur.

Voilà les particularitez du Cap, que nous y avons appriſes pendant nôtre ſéjour. On avoit réſolu de lever l’ancre le ſixiéme de Juin, tout le monde étoit embarqué pour cela dés le matin, mais nous ne pûmes ſortir faute de vent. Le lendemain ſeptième un petit vent de Nord s’étant levé, nous appareillâmes & mîmes à la voile sur les ſept heures, & aprés avoir un peu louvoyé pour paſſer la queue du Lion, nous doublâmes le Cap ſans aucune difficulté. On aſſûré que cet endroit eſt un des plus dangereux de tout l’Océan. En effet les Mers y ſont fort groſſes, & quand on a le vent contraire il y a toûjours du péril : mais nous n’y en trouvâmes aucun, graces à Dieu, parce que nous avions un vent favorable. Il eſt vray que nous eûmes toûjours de fort groſſes Mers, & que nôtre Vaiſſeau fatiguoit beaucoup par les grands roulis, qui ne nous permettoient pas d’être debout, ny même aſſis ſans nous tenir à quelque choſe, & beaucoup moins encore de reposer la nuit. Cependant nous nous conſolions aiſément, parce que nous fai- sions

Départ du Cap de Bonne Eſperance.

ſions