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DE SIAM. Livre II.

plus épaiſſes Forets, on traverſe leurs déſerts brûlans, & on ſurmonte leurs montagnes les plus eſcarpées avec beaucoup de fatigue, de dépenſe & de péril. Mais tout cela ne ſe fait que pour découvrir leurs Mines, pour connoître l’abondance de leurs Provinces, pour apprendre leurs ſecrets, & la vertu de leurs ſimples, & pour s’enrichir de leur commerce. Cette entrepriſe, à la vérité, & l’éxécution d’un deſſein ſi grand & ſi difficile, ſeroit tres-loüable, ſi le zéle du ſalut de leurs ames y avoit un peu de part, & ſi en trafiquant avec eux, on leur enſeignoit le chemin du Ciel & les véritez éternelles.

Des Miſſionnaires zélez qui regarderoient ces peuples comme rachetez du Sang de Jesvs-Christ, & auſſi capables, tout ſauvages qu’ils ſont, de glorifier Dieu dans l’éternité, que les nations les plus polies, ſeroient bien néceſſaires dans cette partie reculée de l’Afrique. Ils aideraient prémiérement les Catholiques du Cap, qui ſont pluſieurs années ſans Meſſes ny Sacremens, faute de Prêtres. Ils inſtruiroient en même-tems les Hottentots, déja connus, & d’autant plus faciles à gagner à Jesvs-Christ, qu’ils n’ont aucun vice conſidérable qui les détourne du Chriſtia-