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DE SIAM. Livre II.

faim en cas de beſoin. Leurs âtours ſont plusieurs chapelets de raſſagues, ou d’os de différentes couleurs, dont elles ſe font des colliers & des ceintures, & quelques gros anneaux de cuivre qu’elles portent aux bras.

Leurs vertus morales,

La Barbarie n’a pourtant pas tellement effacé dans ces peuples tous les traits de l’humanité, qu’il n’y reſte quelque veſtige de vertu ; ils ſont fidéles, & les Hollandois les laiſſent entrer librement dans leurs maiſons ſans crainte d’en être volez. On dit neanmoins qu’ils n’ont pas cette retenue à l’égard des étrangers, ou des Hollandois nouveaux venus, qui ne peuvent les reconnoître de les faire punir. Ils ſont bien-faiſant & ſecourables ; ils n’ont preſque rien à eux : quand on leur donne quelque choſe, si elle ſe peut diviſer, ils en font part au premier de leurs compagnons qu’ils rencontrent, ils les cherchent même à ce deſſein, & se réſervent ordinairement la moindre partie de ce qu’ils ont.

La maniére dont ils puniſſent les crimes.

Quand quelqu’un eſt convaincu d’un crime capital parmy eux, comme de larcin ou d’adultére, le Capitaine & les principaux s’aſſemblent, & aprés avoir fait le procez au criminel, ils ſont eux-mêmes les exécuteurs de leur Sentence ; ils le tüent de coups de bâtons, chacun venant par ordre ſelon

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