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VOYAGE

& de leurs honnetétez. En paſſant par l’appartement du Gouverneur, il nous fit voir dans une cuve pleine d’eau deux petits poiſſons longs seulement d’un doigt. Les Portuguais en appellent un Poiſſon d’or & l’autre Poiſſon d’argent ; parce qu’en éffet la queuë du maſle paroiſt d’or, & celle de la fémelle d’argent. Il nous dit que ces poiſſons venoient de la Chine, & que les perſonnes de qualité de ces Païs auſſi bien que les Japonnois les eſtiment extrêmement, & en gardent dans leurs maiſons par curioſité. Nous en avons vû depuis dans le Palais du General de Batavia, & à Siam dans celuy du Seigneur Conſtance Miniſtre de ce Royaume, & chez quelques Mandarins Chinois. Comme Monſieur l’Ambaſſadeur avoit prié Monſieur Van-Rheden d’écrire au Général de Batavia, afin qu’il nous donnât un Pilote pour aller à Siam ; Monſieur le Commiſſaire qui reçût avec plaiſir cette commiſſion, envoya le lendemain à Monsieur l’Ambaſſadeur une lettre fort obligeante pour ce Général, dans laquelle il n’oublia pas ſur la fin d’y ajoûter de luy même, & ſans que nous l’en euſſions prié un article en nôtre faveur. Nous paſſâmes la nuit à rembaler nos inſtrumens, & le lendemain avant le

Poiſſons curieux qu’on a fait venir du Japon.

On ſe rembarque pour ſe mettre à la voile.