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simplicité, les douces promesses et l’onction céleste de l’Évangile. »

Puis s’adressant aux Jésuites, présents au chœur :

« Et vous, s’écria-t-il, célèbre compagnie, qui ne portez pas en vain le nom de Jésus, à qui la grâce a inspiré ce grand dessein de conduire les enfants de Dieu, dès leur plus bas âge, jusqu’à la maturité de l’homme parfait en Jésus-Christ ; à qui Dieu a donné vers la fin des temps des docteurs, des apôtres, des évangélistes, afin de faire éclater par tout l’univers, et jusque dans les terres les plus inconnues, la gloire de l’Évangile ; ne cessez d’y faire servir, selon votre sainte institution, tous les talents de l’esprit, de l’éloquence, la politesse, la littérature ; et afin de mieux accomplir un si grand ouvrage, recevez avec toute cette assemblée, en témoignage d’une éternelle charité, la sainte bénédiction du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Rentrez sous terre, M. Sulte. Que votre œuvre, monument de honte, soit démolie pièce à pièce, et que la poussière en soit jetée aux quatre vents.

Le lecteur a compris que ce n’est pas par amour de la chose que je suis sorti du calme de mes travaux, pour m’occuper des pauvretés de M. Sulte. Il fallait multiplier les protestations, il le faut encore, pour l’honneur de notre petit peuple, et parcequ’il est malheureusement trop vrai qu’il n’y a pas si chétive créature qui, laissée à elle-même, ne puisse faire du mal, qu’il n’y a pas si sot détracteur qui ne puisse racoler des adhérents. La pauvre humanité a de tels penchants, a dans son sein un tel caput-mortuum de têtes croches, de natures mal faites, de volontés défaillantes ou perverses, que le beau, le bon et le vrai ne peuvent se maintenir que de haute lutte.

On a dit, avec trop de raison, hélas, que l’histoire, telle que beaucoup la font, est — « une conspiration contre la vérité. » Veuillot, que nous pleurons en ce moment, mais que nous pleurons dans la magnifique espérance du bonheur éternel, Veuillot indique deux moyens de combattre les fausses histoires : — « Le premier, c’est de refaire les histoires systématiquement et partout hostiles à la vérité ; le second, c’est de vérifier à fond les autres. » (Pensées de L. V., p. 293).

Le malheureux auteur des écrits qui ont soulevé un concert si général de réprobation ne peut s’en prendre qu’à lui-même de se voir durement réprimandé. C’est lui qui a choisi de mériter les reproches d’une honnête indignation et la flétrissure d’odieux éloges. La détestation, toutefois, ne s’adresse qu’à son œuvre ; car la personne du coupable ne peut inspirer, à des chrétiens, d’autres sentiments que ceux d’une profonde et suppliante commisération.


18 avril 1883.