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gréables, et cela parce qu’elles m’ont été faites par plus d’une personne — ce qui montrerait que les fausses notions qu’elles comportent sont assez répandues. »

Naturellement ! Parbleu ! À qui s’adresse-t-on ? Vous n’êtes que trente et plus. Je ne vous dis que ça : me critiquer, moi ! arrière ! allez en chercher cinquante autres, pour que ça vaille la peine que je vous démolisse, et

Vous leur ferez, Seigneur,
En les croquant, beaucoup d’honneur.

Il serait fastidieux de citer toute cette correspondance ; mais on me pardonnera d’en donner encore quelques extraits, M. Sulte répond donc à « ces remarques désagréables »

« 1o Vous tenez bien peu compte de la tradition. — Oui, Dieu merci. Je sais par expérience que toute tradition historique renferme une poignée d’erreurs. Cette expérience m’a coûté assez cher pour que je l’apprécie.

« 2o Vous n’êtes pas toujours d’accord avec les historiens, — Je m’en garderais bien ! Est-ce que vous croyez qu’on écrit l’histoire à l’aide des livres des historiens ? Ne savez-vous pas que la seule bonne méthode consiste à étudier les documens de l’époque dont on veut parler etc., etc…

« 3o — Vous semblez prendre à la légère certains faits que personne n’a contestés jusqu’à présent. — Charlevoix a écrit une espèce de livre de prières qu’il intitule Histoire de la Nouvelle France. Il y a de tout dans cet ouvrage, excepté l’histoire de la Nouvelle France, etc…

Il y en a sur ce ton là et comme ça, jusqu’au numéro 8 inclusivement. Dans un de ces numéros, il dit de Jacques Cartier :

« Il fait mettre dans ses instructions une ou deux phrases religieuses qui étaient de simples formules et tout le reste du document contredit ce passage hypocrite. »

C’est sans doute à cause de son expérience contraire à la tradition véritable que tout ce qu’il écrit lui-même de son cru, dans son livre, n’est, d’un bout à l’autre, qu’une tentative d’établir une tradition qui n’a jamais existé. C’est encore à cause du mépris qu’il professe pour les historiens en général, à l’exception, bien entendu, de M. Benjamin Sulte en particulier, que, de beaucoup, comme je l’ai déjà dit, la plus grosse partie de son ouvrage est faite de citations et d’analyses des historiens, y compris Charlevoix.

M. Sulte parle de documents, toujours, sans cesse. Ce mot a l’air d’être employé par lui comme une espèce de formule magique, une incantation. Quand il vous a dit : Documents ! c’est, pour lui, comme s’il vous avait fait passer par le baquet de Mesmer. Le fait est que le très peu, mais infiniment peu, de documents et le grand nombre d’autorités qu’il cite ou analyse, sont absolument le contre-pied des assertions qu’il