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dixit de deux étrangers, qui entreprennent de juger de deux grandes institutions, à la suite d’une visite, faite à la course et seulement, la chose est évidente, dans le but de donner la couleur d’un examen à des attaques concertées d’avance.

Ce serait véritablement un spectacle humiliant et bien capable de faire rire de nous, que de voir la province de Québec changer un système qui a, jusqu’ici, donné pleine et entière satisfaction, qui a fait surgir deux asiles ne le cédant en rien aux asiles des autres provinces, de voir nos gouvernants encourir les immenses mises de fonds et le surcroît annuel de dépenses que nécessiterait l’inauguration d’un nouveau système, simplement parcequ’il a plu, à quelques intrigants fanatiques, d’attaquer des institutions ayant la confiance de l’immense majorité de la population, parcequ’il a plu à un homme, inféodé à certaines idées et de passage parmi nous, d’entreprendre de nous imposer ses doctrines, en usant d’un langage indigne de la bonne compagnie.

D’ailleurs, le mode de traitement de la folie, en tant qu’application des diverses méthodes palliatives ou curatives, ne dépend pas de la manière d’héberger les aliénés. On peut adopter telle ou telle méthode, indépendamment de la tenure des propriétés de l’asile. C’est se moquer du public que d’essayer à lui faire croire qu’on ne peut pas soigner un fou, dans un asile pension, aussi bien que dans un établissement administré par un fonctionnaire.

Je ne ferai pas l’injure à nos gouvernants de croire qu’ils se laisseront influencer, en quoi que ce soit, par ces criailleries ; mais je suis certain, je le répète, que la population catholique verrait avec plaisir, nos compatriotes protestants avoir un asile à eux, subventionné comme les autres, au même montant proportionnel par tête. Là, ceux qui n’aiment pas les religieuses et les Canadiens-Français, ceux qui croient aux dogmes de la non-restraint, des open fires et des open doors pourront s’en donner à cœur joie. Nous ne leur ferons pas la guerre et nous ne les insulterons pas. M. le Dr Tuke pourra leur prodiguer ses plus superbes éloges, proclamer ces nouveaux établissements des « Eden, Eden, Eden ! » Il pourra venir y sacrifier à Psyché : nous n’en serons point jaloux. Bien plus, s’ils réussissaient à imaginer ou à introduire quelques moyens de traitement vraiment