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système adopté pour les asiles de la Province de Québec. On compte de ces asiles dans tous les pays civilisés.

Ainsi donc des asiles peuvent être exécrables bien que directement administrés par l’État, M. le Dr Tuke en donne de nombreux exemples ; d’autre part des asiles privés, des pensionnats peuvent être, bien qu’administrés par des particuliers, d’admirables institutions, M. le Dr Tuke en fournit aussi des exemples dans ses ouvrages. Donc M. le Dr Tuke a tort de dire, dans son réquisitoire contre la Province de Québec : — « It is a radical defect — a fundamental mistake — for the province to contract with private parties or Sisters of Charity for the maintenance of lunatics. »

La province y a trouvé son avantage, au contraire, et les aliénés n’en ont nullement souffert. Nos asiles sont soumis aux lois qui gouvernent la matière, ils sont soumis aux visites et aux enquêtes des inspecteurs nommés par l’État : à part des soins dirigés par des médecins ordinaires qu’ils paient, ils ont encore l’obligation d’être contrôlés par des médecins visiteurs aux ordres de l’État. Quelles plus amples garanties peut-on exiger contre les dangers de l’humaine faiblesse ? Il faudrait que l’État pût se procurer des agents et des administrateurs tout à fait infaillibles, impeccables et possesseurs de la faculté d’ubiquité, pour pouvoir réclamer l’avantage assuré d’une direction supérieure, parfaitement exempte de tout mécompte, de toute erreur et capable d’un exercice de surveillance et de prévisions de tous les endroits et de tous moments.

Un dîner n’est pas nécessairement bon pour être donné à la carte, ni essentiellement mauvais pour être pris à table d’hôte, il en est ainsi des asiles. Ce n’est pas la personne du cuisinier qu’on doit examiner, mais ce sont les mets préparés qu’on doit goûter, pour se faire une idée juste de la cuisine ; de même ce n’est pas le titre d’un administrateur d’un hôpital ou d’un hospice d’aliéné qui donne la mesure de l’excellence de l’établissement, mais les résultats que constate une étude suffisante et poursuivie sans parti pris. Les rapports favorables des nombreux médecins, commissaires et inspecteurs qui, depuis des années, ont surveillé ou contrôlé nos asiles ont, bien certainement, une autre portée et une autre valeur que les diatribes de quelques agitateurs et l’ipse