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Il y a près de quarante ans que l’asile de Beauport existe ; pendant ce laps de temps, près de trente commissaires et inspecteurs ont été chargés de surveiller cet asile. Les Commissions et les Bureaux qui se sont succédés ont compté bon nombre d’hommes distingués de diverses croyances et nationalités, médecins, hommes de loi, hommes d’affaires, fonctionnaires ; tous n’ont eu que des éloges à faire de l’administration et de la tenue de cet établissement ; on y a signalé parfois, comme partout ailleurs, des défauts passagers ; mais en somme on n’a jamais eu qu’à se féliciter de l’état de cette maison, au point de vue de l’intérêt des aliénés, des familles et de la société. Il en a été de même de l’asile de Saint-Jean-de-Dieu depuis qu’il existe. Ne serait-ce pas une chose monstrueuse que de mettre de côté tant et de si honorables témoignages, pour donner gain de cause à l’intrigue ?

M. le Dr Tuke est un contributeur à la littérature psychologique, mais il n’est point une autorité, tant s’en faut. C’est un homme pour qui les mots dominent ; avec de tels émissaires, il suffit d’ordinaire de remplacer certains mots ronflants par les termes propres, pour enlever à leurs écrits la signification qu’ils ont voulu leur donner. C’est ainsi qu’en remplaçant, dans le factum de M. le Dr Tuke, les expressions injurieuses ou captieuses par d’autres, on peut détruire à peu près toute la malice de ses attaques. Aux mots farming of human beings, human menagerie, chamber of horrors, relics of barbarism, il n’y aurait qu’à substituer les mots pensioning of the insane, inmates of asylums, refractory ward, mechanical protection, pour transformer le venin en une écume inoffensive. Comme M. le Dr Tuke n’a pas seul le privilège d’argumenter par des gros mots, on s’est servi de la tactique dont il use, pour attaquer les théories dont il est l’aveugle partisan ; les mots non-restraint, covered beds, attendants ministration, ont été travestis en broken ribs, shut box fisticuffs etc. On a aussi richement payé les avocats de la non-restraint, pour les descriptions qu’ils se sont permises d’asiles qui leur déplaisent, parcequ’ils ne sont pas conduits d’après les principes que non-seulement ils avocassent mais qu’ils voudraient imposer aux autres. L’asile de Hanwell, en Angleterre a été le berceau principal de la non-restraint, c’est là que le système a triomphé chez les Anglais, d’après M. le Dr Tuke ; on lit dans ses Chapters page 206 : — « Would