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Je parlerai plus loin de la théorie de la non-restraint, dépouillée de toutes fleurs de rhétorique et débarrassée des réminiscences mythologiques ; mais je ne puis m’empêcher de faire remarquer ici, que la doctrine de la non-restraint a ses dangers, même en matière d’écritures. Bref M. le docteur Tuke fait partie du commun des mortels ; ses meilleurs écrits accusent plus de travail que de génie et il a certainement plus de creux que de profondeur.

La gazette, dans laquelle je lis le prétendu rapport de M. le Dr Tuke, est du mois d’Octobre dernier ; je vois, par cet écrit, que les courtes visites qu’il a faites, une à l’asile de Beauport, l’autre à l’asile de la Longue-Pointe, datent du mois d’Août, je ne connais pas l’époque des visites qu’il paraît avoir faites à quelques-uns des asiles d’Ontario. La conclusion tirée par M. le Dr Tuke, de cet examen évidemment incomplet et insuffisant, c’est que les asiles de la Province de Québec sont des — relics of Barbarism — et que les asiles de la Province d’Ontario sont des — excellent institutions —.

Comme j’ai à m’inscrire en faux contre ce jugement, il convient de dire que j’ai été, pendant plusieurs années, inspecteur des asiles de Beauport, de Toronto, de Kingston (Rockwood) et d’Orillia ; que plus récemment, j’ai, en diverses occasions, visité en détail les asiles de Beauport et de Kingston, et que j’ai visité ceux de Toronto, de Saint-Jean, d’Halifax et de la Longue-Pointe. J’ai pris connaissance des rapports des médecins, des administrateurs et des inspecteurs de tous nos asiles canadiens : j’ai donc pu et dû acquérir une connaissance assez intime de l’état des choses et je le déclare, avec sincérité et confiance, les asiles de Beauport et de la Longue-Pointe, à tout prendre et en somme, ne le cèdent à aucun des autres ; tous sont des établissements qui font honneur au Canada ; aucun d’eux n’est parfait ; on peut trouver bien ou mal certaines dispositions, certaines manières d’être selon les idées qu’on entretient, qui dans une de ces institutions, qui dans l’autre. Le contraste en bloc que veut établir M. le Dr Tuke et le langage dont il se sert, ne constituent pas le rapport d’une enquête ; ce n’est pas même l’appréciation d’un homme raisonnable et qui se respecte, c’est une diatribe et une sotte méchanceté.